Les enfants créent-ils de l’art, et à l’inverse, comme on l’entend souvent, certaines œuvres réalisées par des artistes connus sont-elles si simples que des enfants seraient capables de les réaliser?
Les enfants ont cet avantage qu’ils ne s’imposent pas de limite. Ils osent, ils tentent avec plus ou moins de succès. Ils ne se lassent pas et n’hésitent pas à recommencer. J’ai une pile impressionnante de dessins, chacun ont leur charme (pour certains ce charme n’est visible que de moi car le coté affectif prime). Les dessins d’enfant c’est aussi l’histoire de leur apprentissage, c’est une ouverture sur leur imaginaire.
Je vous propose de balayer ensemble les points qui pourraient nous aider à savoir si les dessins d’enfant sont de l’art ou pas.
Pas de conceptualisation de l’art
Les dessins d’enfant ne sont pas réalisés dans l’objectif de faire de l’art. D’ailleurs, l’enfant gribouille avant même de savoir parler. Donc s’il crée de l’art, il le fait à son insu. Certes. Mais cela ne constitue pas un critère suffisant pour les sortir tout droit du critère « art ». En effet, les courants artistiques tels que « art naïf », « art brut », « art singulier » ou « art outsider » (pour ne citer qu’eux) ne répondent pas aux normes habituelles des courants artistiques.
Des œuvres non pérennes
Les feutres et les peintures destinées aux enfants répondent à des critères de sécurité (comestibles pour certaines), ou de confort d’utilisation (lavable), mais assez peu à des critères de pérennité. Résultat : lorsqu’on accroche un dessin au mur, les couleurs évoluent et fanent en quelques mois. Personnellement, je numérise certains dessins que je préfère pour tenter d’une certaine manière de garder la fraicheur des couleurs.
Pour les enfants, ce n’est pas important : ils peuvent aussi bien s’amuser à construire des châteaux de sable, dessiner à la craie sur un tableau. Grace aux photos numériques, nous pouvons maintenant garder des traces de leur « performance ».
Pas de valeur marchande, pas de marché de l’art enfantin
En dehors de la valeur affective que constituent les dessins d’enfant, ces croquis ne constituent un trésor que pour les proches des enfants. Pour autant, une fois devenu maître dans leur domaine, les dessins d’enfant peuvent ressortir et faire l’objet d’interprétation poussée des plus grands experts.
Certaines activités sont basées sur les dessins d’enfant. Il est proposé de créer le doudou dessiné par l’enfant ou d’imprimer sur des accessoires (tout ce qui est par ailleurs fait avec des photos). L’initiative que je préfère est celle de la création d’un meltingpot de dessin pour en faire une nouvelle oeuvre. C’est proposée par une artiste canadienne nommée Mimi Gravel.
Un musée pour les dessins d’enfants
Claude Ponti, illustrateur pour enfants, fait le pari d’un musée avec le site lemuz.org qui rassemble et étudie des dessins d’enfant.
Le site a été entièrement refait récemment, grâce à un appel à contribution via un site de crowfunding. Quelques articles sont en ventes à la boutique et les dons sont les bienvenus. Il est même possible de soumettre les œuvres de vos enfants au site.
Ma conclusion serait de vous dire de conserver les précieux dessins de nos enfants, de les encourager à créer car c’est bénéfique pour eux… en attendant que les dessins soient reconnus comme des oeuvres d’art à part entière et fassent l’objet de spéculation qu’il vaut mieux leur éviter.
Je ne me risquerais pas à répondre à cette question. Ce que j’admire le plus chez les enfants c’est cette capacité à créer dont tu parles et leur liberté d’expression que je trouve géniale. Je t’avoue que j’aurai aimé que mes propres dessins d’enfant soient conservés car en effet ca à une valeur affective importante 🙂 tres bonne idée la numérisation !
Le problème des dessins d’enfants, c’est aussi le volume que cela représente. Mais ça reste très chouette de voir l’évolution.