A la fin janvier, sont apparus des graffitis sur les murs des Trois Ilets avec pour principal objet une signature du nom d’Esiro. Impossible de les manquer, ils sont bien en évidence, sur l’axe principal du côté de l’Anse Mitan. J’en ai vu également quelques-uns vers Petit Bourg (Rivière Salée).
Ces représentations ont attiré mon attention et je m’y suis intéressée. A une exception près, les murs choisis sont bruts, sans crépis. Il n’y a donc pas vraiment de dégradation dans le sens où ces murs sont inachevés (depuis plusieurs années pour certains). Pour autant, je n’oublie pas qu’il s’agit de vandalismes réalisés sur des propriétés privées ou publiques sans autorisation des propriétaires.
Tag, blaze, graffiti : c’est quoi tout ça ?
Je ne pense pas maîtriser parfaitement les codes des graffitis, aussi appelé street art, pour valoriser le travail. Les techniques sont aussi nombreuses et variées que ceux qui utilisent la rue et l’espace public pour exprimer leur art, allant de la signature à la contestation, en passant par l’humour. Je propose de faire le point autour des noms que l’on peut lire sur les murs.
La signature du graffeur est aussi dénommée son blaze. Il s’agit d’un pseudonyme qui permet d’identifier et d’attribuer les représentations à une personne. Ainsi par exemple, à Fort-de-France, ce blaze m’a permis d’attribuer les travaux réalisés par Nuxuno, B.Bird, Smash, Kenor, entre autres.
Dans la photo ci-dessus, le blaze Esiro représente l’ensemble de la trace. Il s’agit d’une signature réalisée rapidement, en une seule fois, sans une composition recherchée. Dans ce cas-là, on parle d’un tag.
Ce n’est pas la partie la plus attractive du street art. D’ailleurs, est-on vraiment dans de l’art avec des tags? La limite n’est jamais franche. Il est indéniable que ces signatures peuvent tout de même avoir du style. Les tags ont plusieurs utilités.
Les tags sont des manières de réaliser des ‘lignes d’écritures’ pour les graffeurs. Il faut bien se faire la main, voir comment réagissent les couleurs, les bombes etc. C’est une manière de tester sa rapidité in situ. En effet, les graffeurs agissent de manière illegale et donc cachée. Le but est donc d’être rapide.
Ensuite, les tags permettent de marquer un territoire. J’ai déjà photographié des murs de tags : souvent il est plus facile de déchiffrer les noms sur ces tags que sur les blazes dans une fresque. En effet, pour des raisons esthétiques, les signatures sur les fresques peuvent être stylisées (et donc illisibles si on ne connaît pas le nom).
Par extension, les graffitis sont également devenus des œuvres produites sur d’autres supports (papier, toiles, etc.) quand ils utilisent les mêmes codes et même techniques.
Esiro en Martinique
Revenons maintenant à cette signature ‘Eziro’ qui est visible à différents endroits. Il est difficile d’en savoir beaucoup sur l’identité de l’auteur. Mais on trouve quelques traces sur Internet qui nous indiquent qu’il s’agit d’un homme, qui produit son art sur Paris et la proche banlieue. Il a commencé, jeune, en 1986. Tout cela n’est donc qu’un portrait parcellaire, et je ne trouve pas d’information postérieure à 2010.
Nous en resterons donc là pour la présentation de l’artiste. Attardons-nous maintenant sur son travail. En passant rapidement, on pourrait croire que toutes ces signatures sont identiques et se valent. Pourtant des différences amusantes se révèlent si on prend le temps de les observer.
Le lettrage 3D est agrémenté d’étoiles. La couleur argentée reflète la lumière suivant le moment de la journée en fonction de la position du soleil.
Les deux images (au-dessus et au-dessous) sont assez proches. Mais observez la modification de la lettre S, qui devient plus droite, à la manière d’un Z inversé. Nous y reviendrons plus tard.
Le O étoilé renferme un homonyme de Esiro, intégrant des symboles de monnaies internationales : l’euro €, le dollar $, le yen ¥. Il ne manquait plus que le rouble ou les roupies. Pour le O, je sèche.
Le mot représenté est ici EZIRO, avec le blaze Esiro. Un changement du S en Z, qui n’est pas sans rappeler celui que j’ai moi-même opéré sur mon prénom. Je n’en connais pas la signification pour Esiro. Tout comme l’annotation ‘Sweek’, je n’ai pas trouvé d’explication.
J’aime bien cette photo également pour la perspective. Les deux graffes se répondent, et créent un panorama étonnant. Hasard du moment, l’ombre du poteau électrique se trouve dans l’alignement du I.
Et ci-dessous, une dernière représentation hors des Trois Ilets, à quelques kilomètres de là, à Rivière Salée. J’ai l’impression qu’Esiro nous a laissé ces traces un peu partout où il est passé, un peu comme les cailloux du petit Poucet.
C’est sympa de voir que les graffeurs parisiens viennent passer leurs vacances aux Antilles. Ils complètent le paysage du street art en Martinique.
Pour compléter cet article :
Merci pour cet article, joliment et adroitement décrit et documenté, Respect, Esiro….
Merci à toi d’avoir apporter quelques nouvelles couleurs sur la martinique. Enfin, certains sont déjà recouverts… La vie des graf j’imagine.
😉 je suis tombé sur ton blog par hasard, marrant
Joli blog, et Oui le Graffiti est par essence éphémère, d’où la nécessité de mettre sur toile ou autre support mon Travail. Si tu es intéressé on peut en parler, Peace
Je t’ai envoyé un mail, mais ça ne fonctionne pas. Tu peux m’écrire directement.
Excellent JB, la prochaine fois je viens avec toi en Martinique pour prendre les photos de tes expéditions, all over the Island Bro …
✨✨✨Soon Bro, Soon, qd ce virus nous permettra de voyager , c’est la poisse en ce moment…
J’ai le meme tag sur mon forgon ********* %%%***** j’ai économisé pour me l’acheter et toi tu tamuse j’espère un jour tu t’achèteras et en vera ou je teu croise **********
Effectivement je comprend votre colère. J’ai modifié votre commentaire pour retirer les propos insultants.
Photo ?
Merci Élize d’avoir **^<\_][***, les critiques virulentes de "Bagnolet".
Chélou d'ailleurs…
Je t'ai laissé un msg il y a qques mois, sut ta boîte mail, sans retour.
Tu es tjs en métropole !?
Bonne soirée, JB
Un mec qui signe “Bagnolet”, déjà je trouve cela louche, bref, montres-nous de quoi il s’agit !?!