Si vous avez visité l’espace Gaston Chaissac à Sainte-Florence, en Vendée, vous devez aussi être surpris lorsque vous tombez sur une œuvre de Chaissac dans un prestigieux musée. Il y a un contraste important entre cette modeste bâtisse perdue dans la campagne et les musées de renommée.
Pourtant la présence de ses œuvres dans les musées ne doit rien au hasard. Gaston Chaissac est un artiste multi-disciplinaire, qui a également travaillé à se faire connaître.
Chaissac en Vendée
A Sainte-Florence, on visite l’ancienne école publique devenue “espace Gaston Chaissac”, son épouse y fut institutrice et le couple y vécut de 1948 à 1961. Là-bas, on se confronte à l’esprit de l’artiste et à son quotidien. Je me souviens d’un sentiment mitigé à son égard : il dérangeait dans ce village rural et peut-être qu’il m’interloquerait également si je l’avais pour voisin.
Pour ceux qui voudraient visiter l’espace sans bouger, je vous conseille cette vidéo.
Son art est particulier et même actuellement, on peut l’apprécier ou pas, mais à l’époque, il devait apparaître encore plus farfelu. Sa créativité est sans limite quant aux matériaux utilisés, et ses œuvres sont caractéristiques comme s’il existait une marque de fabrique qui permet de les identifier d’un coup d’œil.
Un précurseur des réseaux sociaux
Son travail artistique n’était pas la seule manière de marquer sa présence dans le village et sur la scène artistique. Il consacrait 4 à 5 heures quotidiennes à la correspondance. Il écrivait des lettres à de nombreuses personnes de la commune et en dehors (pour en savoir plus, consulter l’article dédié sur le site officiel de Gaston Chaissac). Il entretenait un réseau avec le monde de l’art et il s’amusait avec son entourage. Ce comportement intriguait.
Chaissac maintient un lien entre la campagne où il vit, et le monde artistique de l’époque, sans en partager le quotidien. Il fut également en relation avec Jean Dubuffet, mais s’en détourna car ils avaient des divergences de vue sur l’art brut. Il accueille des artistes bien connus chez lui. Il publie des articles dans des revues.
Il participe donc activement à la valorisation de son œuvre, il met en scène sa personnalité, il se fait connaître.
La reconnaissance de son art
Il a été exposé de son vivant (première exposition personnelle en 1938), et parfois dans de grandes galeries comme celle d’Iris Clert en 1962.
Mais le succès et la reconnaissance ne viendront qu’après sa mort à partir des années 70.
Gaston Chaissac montre qu’il est un artiste sans concession :
- Il poursuit son art, ses recherches dans la créativité en multipliant les formes d’expression sans se laisser influencer, mais sans ignorer les arts qui lui étaient contemporains.
- Il développe et fait connaître son art sans renoncer à sa liberté, en gardant la plus grande méfiance envers les milieux branchés artistiques.
- Il reste en Vendée même s’il y est incompris.
Sa force et sa persévérance sont récompensées par sa présence dans de nombreux musées tout au travers du monde.