J’ai parlé de projet permettant de faciliter l’expérience de la visite du musée avec les enfants. Le musée en herbe se consacre entièrement aux enfants et à leur accès à l’art.
L’équipe a accepté de répondre à mes questions. Nous apprenons tout sur la naissance et la survie de ce projet depuis 40 ans. Un magnifique succès pourtant vécu en tout modestie par l’équipe.
Le projet du musée en herbe
[Elize] Pourquoi /Comment avez-vous décidé de vous lancer dans la création de ce musée?
[Musée En Herbe] Le musée a été créé le 1er avril 1975 (nous venons de fêter nos 40 ans!). A cette époque, les services pédagogiques des musées n’existaient pas.
Sylvie Girardet, Claire Merleau-Ponty et Anne Tardy, 3 jeunes filles ont décidé de dépoussiérer les musées en les rendant accessibles au plus grand nombre et surtout aux enfants – qui deviendront les adultes de demain – en partant également du constat que plus de 70% des français n’ont jamais mis un pied dans un musée.
Grâce à la bourse de la vocation Marcel Bleustein-Blanchet [cette bourse existe encore aujourd’hui NDLR] et le prêt d’un local par la Ville de Paris dans le Jardin d’Acclimatation, ces 3 jeunes femmes, ont retroussé leurs manches et ont commencé à créer des expos didactiques, à hauteur d’enfants.
[E] En quoi l’idée du projet initial et le résultat actuel diffèrent-ils?
[MEH] Avec le temps, la notoriété, un public fidèle, des écoles nombreuses, nous avons pu élargir nos champs d’action envers le public défavorisé (partenariat avec les resto bébé du coeur, Culture du coeur…), où nous accueillons gracieusement tous les mois un public en difficulté, qui n’a pas l’occasion d’aller dans les musées. Ces partenariats peuvent se faire grâce au mécénat d’entreprises (Safran et la DRAC Ile de France).
Depuis sa création, le Musée en Herbe a accueilli plus de quatre millions d’enfants qui ont pu découvrir, entre autres, l’œuvre de Picasso, de Chagall, de Monet, de Léonard de Vinci, Picasso, Magritte ou encore la magie du monde du cirque, vivre dans un village gaulois au temps d’Astérix, s’initier aux cinq sens, Warhol…
Depuis maintenant 4 ans, le Musée en Herbe présente des œuvres originales. Les expositions sont adaptées à un public de 3 à 103 ans, à la fois aux adultes et aux enfants : Keith Haring, Victor Vasarely, Hundertwasser, Martine, Les Nouveaux Réalistes, Tintin et à venir, Geluck et son Chat, critique d’Art (à partir de février 2016).
Pour diversifier ses activités et s’implanter dans le tissu urbain, Le Musée en Herbe est installé depuis le 1er avril 2008, au cœur de Paris au 21 rue Hérold (75001).
[E] Quelles sont les perspectives d’évolution ?
[MEH] Nous allons déménager en février 2016, dans un lieu mieux adapté, plus beau et plus proche du Louvre.
[E] Quelles difficultés pourraient vous y faire renoncer?
[MEH] Le coût des travaux est une contrainte forte, mais nous travaillons dur, et entre les aides institutionnelles et notre prochaine tombol’art prévue le 10 décembre, nous devrions trouver les fonds nécessaires.
[E] Appartenez-vous à un réseau structuré?
[MEH] Non! Par contre, nous travaillons régulièrement avec des musées, des galeries, des collectionneurs privés et des artistes. Par exemple, actuellement, nous avons une expo sur Tintin réalisée avec le Musée Hergé, et des prêts d’œuvres du Louvre et du Quai Branly.
[E] Quels sont vos alliés dans le projet?
[MEH] La Ville de Paris, parfois la Région et des partenaires qui changent selon les thématiques. La presse jeunesse est également très sympa et nous relaye beaucoup.
Modèle économique
[E] Quel est le modèle économique du projet global?
[MEH] Survivre 🙂 Nous sommes une association loi 1901, subventionnée en partie par la Ville de Paris, mais chaque année, le montant de la subvention peut varier. Nous vivons surtout grâce à nos recettes propres, qui dépendent énormément du public. Donc, si l’expo est mal choisie, si le plan Vigipirate est rouge par exemple, nous perdons du public. Nous avons également des partenaires ponctuels, intéressés selon les thématiques des expositions, ou souhaitant toucher un public familial et scolaire.
Il nous manque un petit matelas, un gros mécène qui nous permettrait d’assurer nos arrières.
L’équipe du musée en herbe
[E] Qui dirige le musée en herbe et quel est son parcours ?
[MEH] Sylvie Girardet, titulaire d’une maîtrise d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, est l’une des fondatrice du Musée en Herbe au Jardin d’Acclimatation à Paris, en 1975. Elle est actuellement directrice du Musée en Herbe. Elle a écrit près de 80 livres pour enfants qui allient le sérieux du contenu à l’humour et l’interactivité. Enfin, elle conçoit d’événements culturels pour de nombreux organismes et municipalités.
[E] Et comment est constitué l’ensemble de l’équipe ?
[MEH] Nous sommes une toute petite équipe (7 salariés), des salaires assez bas et un esprit associatif. Nous sommes tous polyvalents, à la fois à la caisse, à l’entretien général du musée, à dépanner les week-ends…
Vos enfants
[E] Comment vos enfants perçoivent-ils ce travail ?
[MEH] Les enfants de l’équipe trouvent que nous avons le plus beau métier du monde : être avec des enfants, jouer et dessiner toute la journée…
De leur point de vue nous avons de la chance, car nous n’avons pas vraiment un travail : on s’amuse!
Ils essayent d’ailleurs régulièrement de troquer le centre de loisirs pour venir au musée.
[E] Quel est votre pigment préféré?
[MEH] Le sourire des enfants découvrant l’exposition!