Pour entrer dans l’atmosphère du fin du 19ème siècle dans l’art, rien de tel que le roman ‘L’œuvre‘ d’Emile Zola.
Le livre suit une bande d’amis dont le noyau principal est constitué d’un peintre et d’un écrivain. Ils fréquentent d’autres artistes dans différents domaines (architecture, sculpture, etc) et du journalisme.
Pendant cette période, l’art est en train de changer brutalement, les dogmes officiels sont remis en cause. On se retrouve plongé au cœur du Salon des Refusés, puis au Salon officiel quelques années plus tard. Il faut lire le livre pour vivre cette ambiance plus que pour l’intrigue en elle-même.
Si jamais tu es un peu déprimé, ne lis que la première moitié du livre, celle où toute la joyeuse bande croit en son succès. La dernière partie est lugubre et pessimiste, car la confrontation avec la réalité et la société entière est brutale.
Plusieurs thèmes sont abordés, j’ai choisi d’en développer quelques-uns qui me parlent. Il ne s’agit donc pas ici d’un résumé, mais d’un point de départ à une réflexion générale.
Faire évoluer la peinture
Le livre nous propulse aux côtés des peintres de Barbizon ou les impressionnistes. La peinture ose enfin la couleur, brute et vive.
‘Il faut peut-être le soleil, il faut le plein air, une peinture claire et jeune, les choses et les êtres tels qu’ils se comportent dans la vraie lumière.’
L’académisme est remis en cause. Cela paraît aujourd’hui évident de se dire que l’art est libre et ne répond pas à des règles précises, mais ça ne l’était pas au 19ème siècle. On retrouve cette idée de l’indépendance et de la force de créer propre à l’artiste.
‘Chaque fois qu’un professeur a voulu m’imposer une vérité, j’ai eu une révolte de défiance, en songeant : ‘il se trompe ou il me trompe’.’
La première partie du roman nous amène à suivre la réalisation d’un tableau très proche du ‘Déjeuner sur l’herbe’ de Manet. Ce tableau rejeté par le jury du Salon en 1863, fit scandale lors de son exposition au Salon des refusés.
Toujours créer
L’obstination de créer est très présente dans l’œuvre. Le peintre est complètement habité par la peinture. Il ne s’en détourne que quelques mois pour une passion avec une femme. Puis, assez rapidement, il s’en détachera et retournera à ses pinceaux.
‘L’unique soutien, pendant ces heures mauvaises, passées à s’acharner sur l’œuvre rebelle, c’était le rêve consolateur de l’œuvre future : celle où il se satisferait enfin, où ses mains se délieraient pour la création.’
Et en même temps, ses créations ne le satisfont jamais. Il développe une exigence impossible à combler dans la réalité.
‘Par un phénomène constant, son besoin de créer allait ainsi plus vite que ses doigts, il ne travaillait jamais à une toile, sans concevoir la toile suivante.’
Le temps qui passe
La fin du livre est particulièrement sombre. Elle apporte une vue pessimiste du temps qui passe, et l’effort insignifiant des artistes ou de chacun en général.
‘A quoi bon cette agitation vaine, si le vent derrière l’homme qui marche, balaie et emporte la trace de ses pas? Il l’avait bien senti qu’il n’aurait point dû revenir, car le passé n’était que le cimetière de nos illusions, on s’y brisait les pieds contre des tombes.’
Cette citation donne l’ambiance.
Toutes les citations sont extraites du roman ‘L’œuvre‘ d’Emile Zola.
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