Retour à la série (je)ux de plage. Le sujet peut sembler simple et anodin : deux châteaux de sables et une pelle plantée dans le sol. Mais, je me suis cassée la tête avec la courbure des châteaux et la couleur jaune -parfois trop jaune, parfois trop pâle. Pour ne citer que les principaux points.
Mais avant de voir comment le tableau a été créé en détail, j’en profite pour expliquer quelques principes de composition. Il existe des clés pour positionner des objets et structurer une photo, un tableau ou tout visuel dans un cadre. Certaines règles permettent de mieux comprendre ce qui fonctionne ou pas. Mieux les appréhender permet également de s’en détacher.
Ce tableau très simple dans sa composition me semble approprié pour aborder ces notions de composition. La théorie est une chose qui permet soit de s’aider en amont pour réaliser certains choix au moment de la construction, soit de comprendre pourquoi certains tableaux fonctionnent et d’autres pas.
Comprendre la composition
La règle du tiers
Une image harmonieuse n’est pas une image où le sujet principale est exactement au centre, dans une symétrie parfaite. Une telle composition, est perçue comme ennuyeuse, elle manquera de dynamique. L’harmonie vient généralement d’un déséquilibre maîtrisé dans la composition. L’une des applications les plus fréquentes, dans la peinture ou dans la photographie, est la règle du tiers. Une ligne de force, souvent la ligne d’horizon, est placée à une hauteur d’un tiers de la hauteur total du support. Cela peut être un tiers supérieur ou inférieur suivant l’effet recherché.
Par exemple, j’ai positionné l’horizon, de manière très marqué, en respectant ce principe (trait rouge sur le tableau ci-dessous).
Décentrer l’élément principal
Le déséquilibre dans la composition incite l’œil à parcourir l’image. Et si l’œil navigue, l’attention est retenue et l’image est appréciée.
Par conséquent, il est conseillé de ne pas centrer le sujet principal.
Sur mon tableau, la pelle qui se détache en bleu est sur la droite du tableau. Regarde ce que cela donne si je la positionne au centre. Il manque quelque chose, non ? Et ce n’est pas seulement parce que tu as vu le tableau avant.
Vertical VS horizontal
Le tableau que je présente ici a une composition plutôt horizontale, comme on l’a vu dans la partie sur la règle du tiers. La pelle plantée verticalement, en opposition, vient créer une perturbation aux lignes horizontales. Là encore l’opposition horizontale / verticale, crée une dynamique au tableau.
Ici la composition est relativement basique. La diagonale (en vert) est assez peu marquée par rapport aux deux axes forts de la composition (lignes en rouge).
Une prochaine fois, nous verrons des constructions pyramidales, circulaires, ou même concentriques etc.
Dans les coulisses de la réalisation
Nous avons tout vu de la composition du tableau. Voyons maintenant la mise en peinture.
Première étape, une esquisse au fusain. Je n’ai même pas positionné l’horizon à cette étape. Et je voulais mettre de la mer dans le coin inférieur gauche, pour expliquer l’effondrement des châteaux de sable. Idée que j’ai abandonnée assez rapidement.
Ensuite, la mise en relief.
Puis la première couche de peinture, en aplat. Ceci me permet d’avoir une vision globale du tableau. L’horizon fait son apparition.
J’ajoute les grains de sable. Ce sont des billes de verre très fines, prévues pour ce type d’effet. Tu es déçu que ce ne soit pas du vrai sable ?
J’utilise un blanc et jaune très pâle. Je souhaite créer un contraste dans le jaune du sable.
Je me prépare à travailler sur la pelle, avec des bleus.
J’ébauche la mise en volume des pâtés de sable.
Je réalise des fondus de couleurs, toujours sur les pâtés de sables.
Le travail du sable plus foncé a été réalisé. Je commence le fond. Je pose directement la peinture sur la toile.
Je me prépare à travailler – à nouveau – le jaune du sable.
Le volume des pâtés ne me plait pas. Je dois revenir dessus.
Je vais donc à nouveau peindre à partir de jaune et blanc.
C’est un peu radical, mais je remets les pâtés de sable d’équerre. Ceci me permet de moduler ensuite la pente jusqu’à atteindre le niveau qui me convient.
Je travaille le sable et la pelle…
… jusqu’à ce que ça me convienne. Petit à petit les modifications se focalisent sur les détails.
A chaque fois, la question que je me pose est : quand faut-il arrêter le tableau ? Je pourrais encore arranger des choses, mais également risquer de bouleverser certains points qui convenaient.
Entre les différentes phases de travail, l’observation du tableau est importante. Parfois, en revoyant le tableau après plusieurs jours, les incohérences me sautent aux yeux.
Et toi, tu construis des châteaux de sable ?
Ce tableau fait partie d’une série nommée (je)ux de plage. Tu peux retrouver les précédents tableaux en suivant ce lien sur PiGMENTROPiE.
Et au sujet de la composition, un article Wikipédia sur les règles de la composition dans la peinture occidentale