As-tu remarqué cette nuance : dès qu’il s’agit d’art, il n’est plus question d’acheter mais de collectionner ? Pourquoi ce terme ? Doit-on absolument commencer une collection lorsqu’on acquiert sa première œuvre ? N’est-il pas possible d’acheter et de vendre simple de l’art ? Voyons un peu ce qui se cache derrière ce vocabulaire.
Collectionner, c’est chic ?
Acheter, ça fonctionne bien pour le dentifrice ou le jus d’orange. On se rend au supermarché, on choisit, on passe à la caisse et on rentre à la maison avec ses courses. L’art semble plus compliqué à ‘acheter’. Tour d’horizon de quelques idées préconçues :
- Il faut se rendre dans une galerie ou une foire. Encore que maintenant, à l’ère d’Internet, tu peux le commander en ligne.
- Le choix également de l’œuvre n’est pas simple. Non, si c’est de l’Art, avec un grand A, tu ne peux pas te décider pour un tableau parce qu’il est ‘joli’ ou simplement parce qu’il est beau. Impossible ! Vraiment ? Ou bien est-ce qu’on veut nous faire croire que le coup de cœur est exclu ?
- Un tableau ne peut pas être décoratif. Il faut lui trouver un sens plus valorisant. Lequel, je ne sais pas exactement…
En résumé, si tu achètes de l’art et que tu veux frimer, dis que tu collectionnes de l’art. Si tu n’as qu’une seule œuvre, tu utiliseras la variante ‘je commence une collection‘.
Collectionner, c’est donner du sens
La collection suppose des achats multiples, tout en respectant une homogénéité pour donner un sens. Oui, mais comment faire pour ne pas s’éparpiller ?
- Rester fidèle à un même artiste. Car s’il te plait, si tu l’as choisi pour certaines valeurs, tu souhaites l’encourager. Et la meilleure façon de lui signifier ton soutien est d’acheter régulièrement son travail.
- S’ouvrir à différentes expressions artistiques. L’art est tellement divers. Il y a tant à découvrir, il serait dommage de se limiter à un seul style, un seul artiste. Surtout que ces différentes formes artistiques peuvent avoir du sens pour toi, et un artiste ne peut pas forcement exprimer toutes les facettes de l’art.
Pour donner du sens, tu trouves ce qui te plait. Alors, tu vas choisir une bonne fois pour toute que tu veux collectionner les photos en noir et blanc, représentant des paysages urbains, réalisés par des femmes. C’est un bon thème de collection. Mais en même temps, que se passera-t-il si tu découvres un artiste qui sublime les photos avec de la peinture ? Pour rester dans notre exemple, peut-être que le travail de Yohann Gloaguen pourrait rentrer dans le thème (image d’illustration ci-dessous).
La collection peut être restrictive, alors que l’art appelle à l’ouverture et à l’étonnement. Ou alors, si tu aimes les choses hétéroclites, on dira que le point commun, c’est toi. Autrement dit, la collection n’aura pas de cohérence apparente, elle sera juste une représentation de ton ouverture d’esprit à différentes formes d’art. Donc finalement, une collection, c’est un grand mot, qui fait de toi un collectionneur. Chouette, non ?
Se tromper en achetant de l’art ?
Les guides se multiplient pour expliquer comment collectionner de l’art, ou comment devenir collectionneur (quelques-uns en lien en fin de cet article). En voulant aider, ils complexifient le fait d’acheter de l’art. Ils renforcent l’impression qu’acheter de l’art, c’est compliqué, qu’il faut respecter des codes, se renseigner etc. Ils supposent également que l’art est onéreux. Tout cela est un mythe.
Acheter de l’art, c’est accessible.
Tu peux acheter de l’art :
- Sans connaître la biographie de l’artiste dans ses moindres détails,
- Sans “commencer une collection”. Mais juste parce que ça te fait plaisir et que ça te plait. Tu en achèteras peut-être un seul dans toute ta vie et ce sera déjà bien.
- Sans t’y connaître en art (quoi que si tu es ici, c’est déjà que tu y intéresses un peu)
- Sans te ruiner. Pour continuer dans l’exemple mentionné de Yohann Gloaguen, tu peux acheter ses tableaux pour 75 € (format 13×13 à la galerie Carré d’artistes). 75 €, ce n’est pas gratuit, mais c’est certainement moins cher que le smart phone que tu tiens dans la main et qui a une durée de vie de 2-3 ans maxi. Alors que ton tableau, tu peux considérer que tu le garderas le temps que tu le souhaites, toute ta vie si tu veux.
Il est faux de penser qu’on peut se tromper en achetant de l’art.
Tu vas acheter quelque chose qui te plait, tu l’accrocheras dans un endroit que tu auras choisis. Tu en profiteras, tu le découvriras de jour en jour, tu verras la différence des couleurs suivant la lumière (naturelle ou artificielle, forte ou faible), tu pourras le toucher sans que personne n’aie rien à y redire, tu pourras même t’amuser à le photographier.
Quand tu en auras marre, tu le rangeras ou tu le revendras. Mais tu n’auras pas commis d’erreur. Même si tu ne le revends pas au prix où tu l’as acheté.
Spéculer sur l’art, ‘valeur refuge’ et tout le baratin, c’est un métier. Ca me rend presque triste que certains achètent de l’art dans l’idée de le revendre avec bénéfice. Ainsi ils passent à côté du plaisir de profiter de l’œuvre.
Alors prêt.e pour acheter de l’art ? Ou tu préfères le collectionner ?
Pour poursuivre la lecture sur le sujet :
- Sur l’importance d’acheter de l’art aux artistes (et pas à des labels) (article de PiGMENTROPiE)
- Pour voir d’autres oeuvres de Yohann Gloaguen, c’est sur Facebook, ou sur Carré d’artistes
- Le ‘guide du collectionneur’ sur Artprice
Bonsoir et bravo pour cet article auquel nous ne pouvons que souscrire en tant que galerie d’art en ligne qui défend l’achat d’art coup de cœur à prix accessibles. Nous vous invitons à découvrir http://www.kazoart.com si vous ne nous connaissez pas encore! Cordialement, Mathilde Le Roy, fondatrice