Aujourd’hui, je vais aborder le thème des “séries” dans le travail des artistes. Pour commencer, savez-vous qui est l’origine des séries et pourquoi? Et quel est l’intérêt actuel des auteurs pour les séries? Est-ce un filon intéressant?
Les séries : une invention des impressionnistes
Les impressionnistes voulaient capter la fugacité de l’instant. Monet est connu pour ces séries multiples : les nymphéas, les meules de foin, la cathédrale de Rouen… Il est quasiment à l’origine du concept des séries : sujet inchangé, tableaux différents. Ce que l’on retient alors n’est pas le sujet en lui même, mais les variations d’un tableau à l’autre.
Depuis, les séries sont légions, sous des formes multiples pour des raisons multiples.
Auparavant, les séries n’existaient pas : les œuvres étaient réalisées sur commande. Les formats pouvaient être monumentaux. Les artistes travaillaient dans des ateliers, il pouvaient même y former des apprentis, qui accomplissaient pour eux des tâches. Les peintures étaient couteuses, nécessitaient des préparations particulières.
La peinture en tube, à partir la milieu du 19ème siècle va faciliter la création, permettre de sortir de l’atelier et démocratiser son accès. C’est dans ce nouveau contexte que sont arrivées les séries.
L’intérêt des séries : l’exploration, l’approfondissement …
Réaliser une série permet d’approfondir un sujet, une technique, en variant un nombre limité de paramètres. Par exemple la composition du tableau reste la même, mais les couleurs, les nuances sont modifiées. Ou bien, le sujet est identiques, les couleurs similaires, mais la composition varie, ou bien les formats des toiles.
L’artiste aime le sujet, et va jusqu’au bout de son inspiration. Il explore son sujet au maximum, dans les moindres détails. Cela permet de revenir sur un aspect particulier, de mieux comprendre ce qui fonctionne ou pas.
Cela lui permet également de dégager une thématique, une homogénéité qui sera utile pour s’exposer.
… et la rentabilité ?
La série permet d’offrir aux clients des produits uniques, tout en satisfaisant une demande multiple. Chacun repart avec sa toile, pas tout à fait la même, pas tout à fait différente. On l’impression de faire un choix, mais l’essence de l’œuvre est semblable.
Des séries, pas de définition
Je n’ai volontairement pas donné de définition de la série telle que je l’entendais ici. J’ai cité l’exemple de Monet, qui me semble l’exemple le plus parlant et le plus connu. Ses nymphéas répondent à ce type de séries : différentes tailles, différents supports, des variations dans les couleurs.
Il existe d’autres modes de création de séries.
Si on cite Warhol, il est aussi un artiste auquel on peut penser quand on parle de série. On aura en mémoire ses nombreux portraits de Marylin Monroe pour n’en rappeler qu’une parmi d’autres. Warhol va encore plus loin puisqu’il est adepte des sérigraphies. Ce procédé lui permet de créer mécaniquement des œuvres similaires en nombre.
Quant à l’exemple de Soulages, son exploration de l’outrenoir qui constitue l’essentiel de son œuvre peut être considérée comme une série (dans laquelle nous pouvons également voir des sous-ensembles).
En d’autres termes, le concept des séries ne revêt aucune définition claire. Chacun mets ce qu’il veut derrière ce terme.
Personnellement, je suis encore dans une phase d’exploration et d’apprentissage. Je butine les différents styles, les méthodes, les supports. Alors même si j’ai pu effectuer ce qui pourrait s’assimiler à une série (par exemple les dichromes), cela n’a pas dépassé les trois tableaux.